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Explorations philosophiques sur la vie, la mort et le sens de l’existence

by Margaret Jacob

Au sommaire IMAGYNA :

  • Les grands philosophes tels qu’Épicure, Pascal, Hegel, Heidegger et Camus ont des considérations variées sur la vie et la mort.
  • La mort peut donner un sens à la vie en lui conférant une orientation générale contre sa dissolution en une infinité d’instants et de désirs éphémères.
  • La logothérapie de Viktor Frankl repose sur le renversement heideggerien du rapport à la mort, considérant l’affrontement de la mort comme indispensable dans la quête de sens.
  • Pour Frankl, le sens de la vie englobe les grands cycles de la vie, de la souffrance et de la mort, et le sens final de la vie ne se révèle-t-il pas seulement à la fin, au seuil de la mort ?
  • Patrick Declerck, atteint d’une tumeur au cerveau, a été contraint de tenir tête à la mort, réexaminant l’adage selon lequel philosopher c’est apprendre à mourir.
  • Umberto Eco soutient que « la philosophie » inclut l’idée que philosopher c’est apprendre à mourir parmi tant d’autres idées.

Question philosophique sur la vie et la mort

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En cette période de la Toussaint, nous pensons plus que d’habitude aux vertiges de l’existence et à la mort. Qu’en disent les grands philosophes ? Épicure, Pascal, Hegel, Heidegger, Camus : voici leurs considérations (plus ou moins tragiques) sur la fin de l’existence.

La mort, en ce sens, qui semble vouer la vie à l’absurde, est au contraire ce qui seulement peut lui donner son sens : lui conférer une orientation générale contre sa dissolution en une infinité d’instants et d’élans, de désirs éphémères et de plaisirs contingents. Le psychothérapeute autrichien Viktor Frankl (1905-1997) a repris à son compte ce renversement heideggerien du rapport à la mort pour développer sa propre approche curative, la logothérapie. À ses yeux, le problème de la vie n’est pas celui du bonheur : ce à quoi tout homme aspire, c’est d’abord une vie qui ait un sens. Et l’affrontement de la mort est à ses yeux indispensable dans cette quête de sens, comme il l’écrit dans Découvrir un sens à sa vie (1946) : « Pour nous, le sens de la vie [embrasse] les grands cycles de la vie, de la souffrance et de la mort. […] Sans la souffrance et la mort, la vie humaine demeure incomplète. […] Le sens final de la vie ne se révèle-t-il pas seulement à la fin, au seuil de la mort ? »

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Explorations philosophiques sur la vie, la mort et le sens de l'existence

Atteint d’une tumeur au cerveau en juin 2007, le psychanalyste et philosophe Patrick Declerck a été lui contraint de tenir tête à la mort, invité à examiner à nouveau frais cet adage voulant que philosopher c’est apprendre à mourir. Une idée défendue, parmi tant d’autres mais avec quelle ardeur, par Umberto Eco, affirmant que « la philosophie est le plus beau moyen de régler ses comptes avec la mort ».

Les doctrines de la chute

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Si le courant des doctrines de la chute est dominé par la figure de Platon, son élaboration philosophique s’inaugure cependant avec les Upanishads et se prolonge, par-delà Origène, jusqu’à Descartes et Malebranche. L’axe qui joint des philosophies aussi différentes est le dualisme de l’âme et du corps. La vie humaine naît de leur rencontre et la mort est leur séparation. Mais, pour la pensée grecque devenue chrétienne, cette rencontre est l’effet d’une création de l’âme, alors qu’elle est la conséquence d’une chute pour les philosophies antérieures. Chute ou création détermineront des différences importantes dans les conceptions de la vie et de la mort.

En voulant à tout prix se protéger de la mort ou la vaincre, dans une forme d’hybris (démesure), l’homme moderne confirme ce que les Anciens avaient compris dès la naissance de la philosophie : que la crainte de la mort cause notre malheur – ou notre fuite en avant. Et que pour bien vivre, il faut accepter d’être mortel.

Philosopher c’est apprendre à mourir

Platon disait déjà que philosopher, c’est apprendre à mourir (Platon, Phédon 67e) et Montaigne, à la Renaissance, donne ce titre à l’un de ses Essais.

Dans l’histoire de la philosophie, les réflexions philosophiques sur la mort furent longtemps influencées par la conception de l’âme. Selon la conception traditionnelle remontant au moins à Platon et à diverses traditions judéo-chrétiennes ou orientales, la mort marque la séparation de l’âme et du corps. Au moment de la mort, seul notre corps meurt, notre âme étant immortelle. Diverses eschatologies ou descriptions de l’au-delà décrivent ce qu’il adviendra alors de notre âme après notre mort. Suite au scepticisme concernant l’immortalité de l’âme, les philosophes se sont penchés davantage sur la question de l’impact de la mort sur notre existence. La mort rend-elle notre existence absurde (une idée souvent attribuée à Albert Camus) ? Au contraire, la conscience de notre mortalité constitue-t-elle le lieu d’une existence authentique, tel que le suggérait Martin Heidegger ? Cette entrée se concentre sur la littérature contemporaine. Afin de distinguer les problèmes philosophiques de questions théologiques, la discussion actuelle présuppose majoritairement qu’il n’y a pas de vie après la mort, contrairement à la tradition susmentionnée. Le débat se cristallise autour de quatre questions majeures (Bradley, Feldman & Johansson 2013; Luper 2014; Fischer 1993):

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Vivant jusqu’à la mort Paul Ricoeur

Faut-il abandonner tout espoir de vie après la mort ? Comment trouver les ressources mentales pour cela ? Ricoeur écrit cet ouvrage quelque temps avant son propre décès, en 2005, qui constitue donc en quelque sorte son testament spirituel.

La mort et le soin Elodie Lemoine & Jean-Philippe Pierron

La pensée de Vladimir Jankélévitch est ici sollicitée pour venir éclairer la notion de soin, lui qui a longtemps médité sur la mort. Si celle-ci est certaine, la date reste inconnue, et de ce fait le soin apparaît comme une clinique de l’incertitude.

Selon le philosophe et médecin Xavier Bichat, (1771-1802), la vie serait l’ensemble des forces qui résistent à la mort : au début, cela ne nous apprend rien, on croit à un bon mot ou pour ainsi dire, à une lapalissade, du nom de ce bon monsieur de La Palisse dont on disait que tant qu’il n’était pas mort, il était encore vivant. Un indice pourtant, devrait nous alerter pour nous montrer la profondeur possible de cette définition, le fait que chaque grand philosophe ait lui-même inventé une forme de lapalissade singulière sur le rapport paradoxal, minimal, entre la vie et la mort, mais en y mettant quelque chose comme un défi. On pense à Sartre, à Ricoeur, à ces défis existentiels jetés à la fois à la mort et à la philosophie, aux mots du premier, la mort ne m’aura pas vivant , à ceux du second qui formulait le vœu paradoxal de rester vivant jusqu’à la mort

Les philosophes et la mort:

Dans l’Antiquité, l’Epicurisme pulvérise littéralement cette notion et l’évacue : la mort n’est rien. La position d’Epicure est réactualisée, à l’époque moderne, par Sartre, qui éconduit l’idée même de mort en la posant en dehors du projet existentiel, tandis que Heidegger s’efforce de la retrouver au plus profond de notre expérience (l’être-pour-la-mort).

La philosophie aide à construire une véritable pensée personnelle.

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