Au sommaire IMAGYNA :
- La vie a-t-elle un sens ? La philosophe Susan Wolf propose que la véritable valeur réside dans la dévotion à une activité significative.
- La confrontation à la pensée de la mort peut-elle révéler le sens de la vie ? Les philosophes classiques offrent des positions variées sur cette question.
- Différentes interprétations du sens de la vie incluent la « signification directionnelle », le « signifiant » et la « capacité réflexive ».
- Le sens de la vie peut être perçu comme une « saveur de la vie » et une capacité de « sentir » et de jouir de la vie, selon Jean Grondin.
- La philosophie, dérivée de « philo-sophia » (amour de la sagesse), est une réflexion sur les grandes questions métaphysiques et une éthique de vie.
- La recherche du sens de la vie implique l’atteinte d’une certaine sagesse où se conjuguent l’expérience, la raison et une certaine simplicité naturelle, selon Jean Grondin.
Est-ce que la vie a un sens ?
La philosophe américaine Susan Wolf, autrice de l’essai Le Sens dans la vie, expose sa propre réponse à la question de notre dossier : selon elle, ce qui vaut vraiment la peine, c’est de se consacrer avec ferveur à une activité… mais pas au sudoku ! Est-ce en affrontant la pensée de la mort qu’on trouve sa raison d’être ? La recherche-t-on par introspection ou vient-elle de l’extérieur ? La plupart des philosophes classiques prennent position sur ces questions, comme le montre notre cartographie.
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Différentes interprétations du sens de la vie
D’abord, il est possible de la comprendre en tant que « signification directionnelle » : la vie suit ainsi une direction qui part de la naissance et s’achève avec la mort. Mais ce sens n’a rien d’une énigme. On peut aussi interpréter le « sens » en tant que « signifiant ». Selon cette approche, la vie est susceptible d’être significative : nous pouvons lui conférer un sens grâce à notre sensibilité. Jean Grondin parle d’une « saveur de la vie » et le sens de la vie est pour ainsi dire une capacité de « sentir » et de jouir de la vie. Enfin, il est possible de comprendre le mot « sens » en tant que « capacité réflexive », comme lorsqu’on parle d’une personne de « bon sens ». Cette approche, plus rationnelle, plus scientifique, ne convient pas à Grondin ; pour trouver le sens de la vie, il convient d’atteindre « une certaine sagesse où se conjuguent l’expérience, la raison, et même une certaine simplicité naturelle ».
La vision philosophique du sens de la vie
La philosophie (philo-sophia : « amour de la sagesse ») est non seulement une réflexion sur les grandes questions métaphysiques, mais aussi et surtout une éthique de vie. Le philosophe recherche la logique du raisonnement, et par conséquent il ordonne sa pensée, lui donne un sens, qui fondera son éthique ainsi que ce qui sera pour lui le sens de la vie. Le philosophe est en quête de la connaissance des grandes lois universelles ; il s’attache à la morale et tend à la sagesse.
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La construction individuelle du sens de la vie
La philosophie nous offre différents points de vue à partir desquels nous pouvons réfléchir sur le sens de la vie. Des questions fondamentales comme l’existence, la moralité et la liberté peuvent nous aider à comprendre nos propres vies et à trouver un but. De même, la philosophie nous enseigne que la vie n’a pas de sens universel. D’autre part, le sens et la valeur de la vie est une construction que l’individu lui-même doit faire. Il n’y a pas de recettes magiques pour trouver le sens de la vie, mais la philosophie lui sert de guide. Intéressant, non ?
L’illusion était de croire le « sens de la vie » devant nous (bonheur, salut, sagesse, etc.) : il est derrière, car on ne vit qu’à ce que la vie ait déjà un sens. A ceci près que ce sens que la vie a déjà, c’est notre affaire présente et à venir qu’il ait été valable, c’est-à-dire qu’il reste actuellement reconnaissable en termes de vérité et de responsabilité : que ce n’ait pas été quelque chose d’irresponsable. Et certes ce ne l’était pas même si ce l’était, puisqu’en parlant et en vivant nous validons d’être ce sujet que le don de la parole anticipait.
Réflexions sur le sens de la vie post-pandémie
Beaucoup de réflexions émergent suite à la pandémie et à toutes ses conséquences néfastes. L’avantage d’une telle crise, c’est qu’elle peut nous donner l’occasion de nous interroger davantage sur le sens de la vie que nous menons chaque jour et d’utiliser des clés pour vivre mieux.
Le sens de la mort dans la vie
Le sens, ce n’est pas seulement ce qu’il y a derrière la vie, c’est aussi ce qu’il y a devant elle. Naturellement, le terme de la vie, c’est la mort. Mais si on se pose la question du sens, c’est qu’on se demande si la mort est la fin de tout. Si c’est le cas, il se pourrait que tout soit insensé et que l’homme ne soit qu’une « passion inutile » selon l’expression foudroyante de Jean-Paul Sartre. Or personne ne sait avec certitude si la mort est la fin ultime, pas même Sartre.
Parfois, nous souffrons, nous disons que la vie n’a plus aucun sens pour nous. Nous sommes alors, au désespoir. Inversement, une rencontre ou un bonheur peut nous faire penser que la vie a retrouvé tout son sens. Cela vaut aussi collectivement, dans la vie humaine, politique, sociale, historique. Ce que cela doit nous montrer, c’est que la question du sens de la vie n’est pas seulement une question théorique, une question métaphysique, une question pour laquelle il faudrait relier un phénomène qu’on appelle la vie à un autre phénomène qu’on appellerait autrement et qui lui donnerait tout son sens dans un principe global et explicatif. En réalité, la question du sens de la vie fait elle-même partie de la vie.
Le philosophe Olivier Pourriol cite Hegel pour qui « une vie devient humaine quand elle transforme la nature. Transformer sa vie, c’est « polluer » la nature. La philosophie plus que la psychologie aide à donner du sens en créant des concepts qui permettent d’observer autour de soi, ce qu’il y a de plus contemporain, s’inscrit dans une démarche humaine. Quand les humains veulent créer, cela va pouvoir engendrer parfois de l’absurde. C’est le paradoxe. » Laurence Devillairs : « Cet absurde provient de ce qu’au fondement de la vie, il y a un divorce entre la vie, la réalité et mes désirs. Cela n’empêche pas que parfois, malgré cette absurdité, des moments de sens me sont donnés, alors qu’ils ne sont pas attendus. Et parfois, à trop vouloir donner de sens, on court à la catastrophe.