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La question fondamentale en philosophie : clé de la réflexion philosophique

by Margaret Jacob

Au sommaire IMAGYNA :

  • La philosophie est-elle une occupation sérieuse ?
  • La réputation de la philosophie comme une matière difficile
  • La déduction comme opération logique reine en philosophie
  • La déduction comme processus de raisonnement allant du général au particulier
  • L’importance de la certitude des prémisses dans la déduction
  • La tentative de répondre aux questions sur la difficulté de la philosophie et la possibilité de la rendre « moins dure »

La question la plus difficile en philosophie

La question fondamentale en philosophie : clé de la réflexion philosophique

La philosophie est-elle une occupation sérieuse ? (1986) En voilà un sujet retors. Demander à des candidats en pleine épreuve de philosophie de questionner la matière sur laquelle ils travaillent, c’est plutôt audacieux. D’ailleurs, la professeure Lucile Peyre verrait plutôt cette question dans un cours de prépa littéraire ou de fac de philo. Car les candidats ont dû relever deux défis. Eviter de faire un brûlot qui explique à quel point la philosophie est inutile sans pour autant faire un éloge artificiel de la matière pour flatter le correcteur. Tout est question de nuance et de subtilité.

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C’est que la philo a une réputation qui lui colle sacrément à la peau, et depuis très longtemps : « la philo, c’est dur. » Pas seulement dur au sens de la notation, mais dur en soi, dur pour tous et toutes, et malgré toute la bonne volonté des professeurs. Pourquoi une telle réputation ? Est-ce si vrai que cela ? Peut-on rendre la philo « moins dure » ? C’est à ces questions que je vais essayer de répondre, en partant des cinq phrases que j’entends le plus souvent prononcées par les élèves en terminale.

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La question fondamentale en philosophie : clé de la réflexion philosophique

La déduction

La déduction est la reine des opérations logiques. La plus abstraite et la plus rigoureuse. Elle ne passe ni par l’observation ni par l’expérience, mais utilise la puissance de la pure pensée. Elle consiste à partir d’un ou de plusieurs énoncés universellement vrais, par exemple : « tous les hommes sont mortels » et « Socrate est un homme ». Puis elle en tire, avec une certitude parfaite, la conséquence logique : « donc Socrate est mortel ». Ce syllogisme, forme de déduction formalisée par Aristote, comporte deux prémisses et une conclusion. Comme dans tout raisonnement déductif, on va du général au particulier, on crée des enchaînements qui s’articulent strictement. Encore faut-il être sûr de la vérité des prémisses. Descartes perçoit bien la difficulté. S’il considère la déduction comme la « conclusion nécessaire tirée d’autres choses connues avec certitude » (Règles pour la direction de l’esprit, vers 1628-1629), la vérité du point de départ dépend de quelque chose qui n’a rien à voir avec les enchaînements logiques et qui s’appelle l’intuition, c’est-à-dire la « conception d’un esprit pur et attentif, si facile et si distincte qu’aucun doute ne reste sur ce que nous comprenons ». Or cette vue par l’esprit, ajoute Descartes, est « plus sûre que la déduction elle-même »…

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La question en philosophie

En philosophie, la question revêt un statut particulier, principiel, fondationnel. Elle est au-delà de l’origine une fondation, ce qui est curieux, car la question habite un lieu d’instabilité, au contraire d’une base solide. En philosophie, tout commence par des questions (l’étonnement aristotélicien, la maïeutique socratique, le questionnement cartésien…). La question ouvre la réflexion, l’enquête (Dewey), inaugure une recherche, une démarche. Philosopher c’est la culture de la question, et non de la réponse. On peut même terminer un atelier par une question. Philosopher, c’est notamment problématiser. Problématiser, c’est partir d’une interrogation, c’est élaborer des questions, c’est mettre en question(s) des pseudo évidences ou préjugés. Et c’est chercher quel est le problème sous-jacent à la question posée, quels sont ses enjeux, quelle est la difficulté à répondre à la question parce qu’il y a des obstacles à résoudre le problème. Le philosophe questionne parce que, contrairement à la vie quotidienne où l’on cherche à fuir, contourner ou se débarrasser le plus rapidement possible des problèmes, il aime lui les problèmes, il y séjourne, il cultive une « érotique des problèmes » (Charbonnier).

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